J’ai écrit au proviseur du lycée René Auffray en début de semaine pour féliciter Monsieur Aubrée.

Pascal Aubrée a fait preuve de beaucoup de courage en acceptant d’être filmé, car il montre une personnalité qui ne correspond pas à ce que le grand public pourrait a priori attendre d’un professeur, je pense à ses expressions, à sa gestuelle. Aujourd’hui nous enseignons tous avec nos tripes pour arriver à capter notre auditoire. Nous forgeons avec l’expérience notre propre méthode pédagogique et elle ne correspond pas aux grilles IUFM.
J’ai beaucoup aimé également percevoir dans ce Monsieur un guide pour des élèves de B.E.P. un peu perdus dans la vie, une école de la rigueur dont ils sont demandeurs. Un enseignant qui prépare les élèves à être de bons citoyens avant d’être de bons professionnels.
Enfin, à titre personnel, j’ai trouvé que ce reportage me remettait en question. Lorsque j’ai une baisse de motivation parce que les élèves ne travaillent pas comme je l’aimerais c’est rassurant de savoir qu’à l’autre bout de la France, un autre enseignant est la tête dans le guidon pour essayer d’y arriver. Le lendemain du reportage, j’ai fait mon travail mieux que la veille.
Ce qui est dommage dans le reportage, à mon sens, c’est qu’on voit trop les élèves faire les ânes en plonge. C’est une réalité certes, mais pas la seule dans un lycée hôtelier, il y a aussi par exemple des étudiants de B.T.S. qui ont du mal à joindre les deux bouts mais qui bossent d’eux même pour s’en sortir, et qui réalisent des prestations culinaires, ou en salle, qui ne correspondent pas à une tarte aux pommes en 6 heures, mais qui pourraient rivaliser avec des cuisiniers de bon niveau. Il aurait été bien de les montrer également.

J’attends avec impatience la suite.

La Meilleure façon de cuisiner…
Et si « La Meilleure façon de cuisiner » c’était tout simplement d’apprendre ?
Certes, on apprend toute sa vie durant, mais il y faut un commencement.

Gaël Leiblang, journaliste et réalisateur à CapaTV, a choisi de montrer des jeunes qui, pour leurs débuts, ont rejoint le Lycée René Auffray, à Clichy-la-Garenne, dans l’académie de Versailles. Ce pourrait être n’importe quel autre établissement…
Les deux premiers épisodes montrent la vie, telle qu’elle est, avec ses joies mais aussi ses peines. Surtout, au-delà de l’incertitude que chacun connaît forcément un jour dans sa jeunesse, on voit sourdre à chaque image l’essence même d’une société : la solidarité.

Tous les acteurs de la « ruche » René Auffray s’activent, se mobilisent, œuvrent de concert avec un même objectif : accéder à la citoyenneté, chèrement acquise au travers des nécessaires apprentissages des savoirs, des savoir-faire, mais surtout des savoir-être de nos métiers.

La singularité de cette organisation bien huilée, c’est que chaque ouvrière, chaque ouvrier est ici différent de sa voisine ou de son voisin.

Il faut bien reconnaître dans cette transcription l’intelligence, trop rare de nos jours, du montage réalisé par Gaël Leiblang : point de poudre aux yeux, point d’extravagance, point de superflu qui auraient irrémédiablement détourné de la réalité.
Tout au contraire est montré, sans complaisance, sans non-dits : la vie, en famille, dans la ville, et surtout au lycée, …
Et dans ces beaux locaux bien équipés du Lycée René Auffray, on voit le meilleur de la télévision : les doutes, les petits et grands bonheurs, mais aussi les échecs, qui pour rares qu’ils soient n’en sont pas moins présents. Et toujours, dans l’exigence de la vie en commun, cette solidarité qui rassemble, des élèves –forcément butineurs-, leurs professeurs -reines et rois de la ruche, occupés sans relâche à la réussite des élèves en quête du butin (« le savoir ») et des personnels, tous riches de leurs différences mises dans le pot commun.
Et chacun d’en faire son miel !

Le 22 décembre, à 20 heures 50, je regarderai avec délectation les « abeilles besogneuses » de la ruche « René Auffray » construire un monde où « La Meilleure façon de cuisiner » rattrape la réalité des chiffres : 95 % des professionnels sont issus de lycées hôteliers et de CFA de l’éducation nationale, et ils en sont fiers !
De la belle télévision publique…

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Serge Raynaud