Finale du Concours Général des Métiers – Restauration.

Lycée René Auffray, Clichy – Académie de Versailles

15 mai 2008

 

 

Interview de Christian Le Squer, restaurateur emblématique, Chef des cuisines du Pavillon Ledoyen qu’il dirige depuis 1999. Après avoir travaillé dans les plus grandes maisons de la place de Paris (Le Divellec, Lucas Carton, Taillevent, le Ritz, …) ce Breton fier de ses origines marque la grande cuisine française de son empreinte et de son talent : toujours avec modestie, humilité, sans jamais oublier les difficultés de ces métiers-passion, il recherche les meilleurs produits et les meilleures manières de les apprêter.

Il n’hésite pas à donner de son temps pour les jeunes, et, quand il s’adresse à eux, la justesse de son propos et son charisme opèrent immédiatement : nos douze candidats de l’épreuve de cuisine étaient conquis et heureux !

 

Serge Raynaud :

« Christian Le Squer, merci tout d’abord d’honorer de votre présence la session 2008 du Concours Général des Métiers – Restauration, à l’invitation de Christian Petitcolas, Inspecteur Général de l’Éducation Nationale. Vous êtes Chef de cuisine, restaurateur ; aujourd’hui, vous présidez le jury professionnel de ce concours. Quel message souhaitez-vous donner aux jeunes qui embrassent ces métiers de la restauration ? »

 

Christian Le Squer :

« J’ai envie de leur dire qu’il faut aimer passionnément ce que l’on fait, mais ne jamais occulter  qu’il faut du temps, de la patience, du courage, de l’abnégation… Je n’oublie pas que j’ai été jeune : qu’aurais-je fait dans la même situation qu’eux, au même âge ? Ils ont une solide formation de quatre années, deux en BEP et deux en Baccalauréat Professionnel, formation partagée entre l’école et l’entreprise. De cette complémentarité et complicité de nos deux mondes naissent et se renforcent les convictions pour les métiers de la restauration. Et ces jeunes, dans une situation saine d’émulation, avec tout le poids d’un concours prestigieux, la pression que l’événement entraine, un niveau général et technique très relevé, un contexte avec des contraintes qui sont celles du métier – strict respect des horaires, composer avec le panier du marché-, et bien ces jeunes relèvent le défi, font face de belle manière et font honneur aux métiers de la cuisine et de la salle. Ils peuvent et ils doivent en être fiers ! Et continuer, comme nous tous, d’apprendre, chaque jour un peu plus… »

 

Serge Raynaud :

« Christian Le Squer, ils ont aussi bien ressenti l’excellence des membres du jury : vous présidez, pour la production culinaire, un groupe qui force le respect et suscite chez eux l’admiration. Ils n’oublieront pas cette journée, et, pour trois d’entre eux qui les représenteront, l’honneur de vous retrouver en compagnie du ministre de l’Éducation nationale, en Sorbonne, lors de la promulgation des résultats. Quels conseils leur donneriez-vous pour cette échéance ? »

 

Christian Le Squer :

« Je voudrais tout d’abord leur dire qu’il y a eu douze finalistes, tous valeureux. Effectivement, seuls trois seront à la Sorbonne. Je crois que je serai aussi ému qu’eux : ils représenteront l’excellence de cette promotion, mais également la génération à venir, les jeunes qui continueront ce que nous avons entrepris et qui défendront les valeurs que nous leurs aurons enseignées, ensemble, vous éducateurs et professeurs, et nous, professionnels. Ce sera l’occasion de montrer qu’un jeune professionnel de la cuisine ou de la salle mérite tout autant qu’un jeune mathématicien, qu’un jeune féru de littérature ou spécialiste d’histoire. Ils auront la plus belle occasion de montrer leur élégance, leur aptitude à communiquer et à s’exprimer pour défendre les valeurs fondatrices d’un métier, ce que d’aucuns appellent « l’intelligence des mains ». Je serai très fier d’être avec eux. Nous avons besoin de ces jeunes : nous les attendons dans nos entreprises. »

 

Serge Raynaud :

« Merci pour votre contribution à faire de ce concours destiné aux jeunes de Baccalauréat Professionnel le temps fort pour tous les lycées professionnels et CFA inscrits. Gageons que l’année prochaine, dans toutes les académies, les sélections régionales mettront en concurrence encore plus de candidats… »

 

Christian Le Squer :

« Bien sûr ! Je l’espère aussi ! La qualité du concours n’est plus à prouver. Du nombre toujours plus élevé de candidatures naît la richesse, l’émulation, la reconnaissance tout à la fois des professionnels et des institutions. Nous avons besoin de cette promotion pour convaincre celles et ceux qui seraient tentés par cette merveilleuse aventure des métiers de la restauration. Comme disait tout à l’heure Monsieur l’Inspecteur général, il y a du travail pour tous : aujourd’hui, demain, ici et ailleurs… »